Classique
Description :
[...] Dans un mouvement qui est paradoxalement un adagio final, Staub de Jarrell tend vers la fin dernière. La musique s'y désagrège, devient poussière, corps qui vieillit, puis meurt. Musique dont on ôterait peu à peu la chair, dont il ne resterait que le substrat, des traînées, quelques traces, encore animées de petites chutes de sons produisant de faibles vibrations sur la surface aquatique des haut-parleurs. Au rythme de cette musique qui se désincarne, quatre sujets différents et consécutifs vieillissent, se rigidifient, perdent leur énergie. Ils sont les figures allégoriques de la Matière, de la Forme, de l'Espace et de la Poussière. On voit presque seulement le reliquat de leurs actes, en de brefs flashes, fusées, déambulations décolorées, tentatives inutiles terminant dans le vide. Ces sujets sont déjà des natures mortes, des organismes en voie d'abstraction géométrique. Blanc, noir et rouge dominent. Nous assistons aux quatre derniers repas de l'existence. Tout est consommé. Il ne reste plus que des fleurs saturées de rouge dans la blanche poussière des os.
Marc Texier
Extrait du programme de l'Abbaye de Royaumont
Chute(s) - Spectacle multimédia