Classique
Description :
Denis Gautheyrie, directeur et chef de l'ensemble Soli-Tutti, nous parle de sa rencontre avec le compositeur. Interview: Comment concevez-vous une collaboration avec un compositeur ? Les musiciens auxquels on s'adresse sont des compositeurs dont l'écriture pour la voix nous intéresse. Il faut évidemment qu'eux-mêmes manifestent une envie, une motivation particulière pour écrire de la musique vocale. Il y a d'abord une rencontre avec la personne, par hasard, quelqu'un nous présente... Puis, l'occasion d'écouter ses oeuvres, de consulter ses partitions... Comment sa musique sonne ? Quelle est sa touche personnelle, son intérêt pour le chant vocal ? Lui-même, on l'invite à venir nous écouter avant d'envisager de travailler ensemble. Il faut qu'il y ait un déclic. Avec Régis Campo, il y a eu tout ce cheminement, qui a aboutit l'année dernière à une commande d'une oeuvre pour deux ensembles dont la seule contrainte était qu'elle soit dirigée par deux chefs. La référence pour nous, c'était les "Trois Poèmes d'Henry Michaux" de Lutoslawski. De ce point de vue, c'est une oeuvre très réussie. La rencontre avec l'oeuvre ? Ca a été une très heureuse surprise. D'abord, l'originalité du choix des textes. Souvent, on laisse les compositeurs libres du choix et de la manière dont ils traitent le texte. Mais nous attachons une grande importance à cet aspect. L'une des caractéristiques les plus importantes de la musique vocale, c'est quand même le texte. En l'occurrence, c'est un choix qui nous plaît vraiment beaucoup. C'est du Rabelais, donc, c'est un peu paillard. Un texte assez jubilatoire et plein d'humour. Je pense d'ailleurs qu'il a tenu compte de la personnalité de notre ensemble. A première vue, le rendu musical correspond parfaitement au texte de Rabelais. On sait que souvent les oeuvres réussies s'appuient sur des textes de qualité. Et là, c'est vraiment le cas. Ce sont donc onze chansons. Onze petit textes. Chaque chanson pouvant vivre indépendamment. D'ailleurs, Régis indique sur la partition que ces chansons peuvent être représentées avec les deux ensembles, instrumental et vocal, ou bien a cappella. On ne manquera pas de les faire exister dans les deux versions. Les "Jeux de Rabelais", ce sont tantôt les "Cris de Paris", tantôt les cris de Campo. Il s'y est totalement investi. Ce qui me frappe, c'est justement la combinaison des différents éléments, c'est-à-dire, les références à Rabelais, Janequin, Gesualdo... On trouve effectivement toute une série de clins d'oeil. Il fait tourner les mots, les syllabes, des bruits de petite pluie... une pulsation constante, et quelques moments d'accalmie en hommage à Gesualdo. C'est très bien fait. Par ailleurs, le traitement rythmique du texte me semble bien rendre les humeurs, l'humour et la vivacité qui s'y trouvent. Il n'y a rien d'artificiel chez lui. Envisagez-vous une suite à ce travail de collaboration ? Oui, l'année prochaine, on envisage déjà une autre commande pour un plus grand nombre de voix, une oeuvre pour grand choeur vraisemblablement...