Classique
Description :
Autumn Rhythm est une pièce pour violon et piano. Créée à l'automne 2018, elle s'inspire du travail du peintre expressionniste abstrait Jackson Pollock (1912-1956) et en particulier de son all-over n°30 "Autumn Rhythm" (1950).
En abandonnant pinceaux et chevalets, Pollock révolutionne l'art de la peinture avec ses "drippings". Pour réaliser sa série de allover, il étale la toile à même le sol et y projette la peinture par éclaboussures, coulures, gouttelettes et fils entrelacés. Ainsi, différentes strates et enchevêtrements de lignes se superposent pour former des jeux de textures et créer du relief sur toute la surface d'une toile immense (sans jamais privilégier ni oublier aucune zone). Les all-over n'ont donc ni véritable début, ni véritable fin, l'oeil étant "happé" à l'intérieur du tableau. Dans Autumn Rhythm, les lignes de peinture noire contrastent avec les tâches brunes, ocres et blanches - l'alternance de ces tâches claires et sombres crée des effets de lumière - les éclaboussures se chevauchent. C'est à la fois cette importance accordée à la texture, ces superpositions, le choix des tons, et ces paquets de fils entremêlés qui donnent à la toile son rythme prégnant et envoûtant.
J'imagine alors un tourbillon aux couleurs d'automne, comme une forêt d'où des rais lumineux tenteraient de percer à travers les feuillages. C'est ce qui m'a inspirée pour cette oeuvre.
D'un seul tenant, elle est conçue comme une fenêtre sur l'intérieur du tableau, comme si nous avions été aspirés dans ses entrailles. Violon et piano - indissociables - s'y entremêlent en différentes strates rythmiques et colorées pour créer diverses textures. Les modes de jeux utilisés (sul tasto, flautando, pizzicati main gauche et main droite, harmoniques, pédale du piano, etc...) ont un rôle important dans ces couches de couleurs, notamment afin d'en faire ressortir certains motifs mélodiques. Dès les premières mesures, le rythme est prégnant et fonctionne sur une "boucle" répétée inlassablement. Le mouvement ne s'arrêtant jamais véritablement, il contribue à donner une sensation hypnotique et enivrante à cette pièce - la sensation d'avoir plongé au coeur de ce tourbillon automnal nimbé de lumière.
Je profite de cette note pour remercier le concours Long-Thibaud-Crespin et tout particulièrement Renaud Capuçon pour leur confiance.
Camille Pepin