Classique
Description :
Articulée en quatre sections, caractérisées par une longue densification et une brève liquidation pour les deux premières, par une recherche du statique, mémoire ou vestige du mouvant, pour les deux dernières, cette oeuvre retrouve l'austérité et le dépouillement d'une partition comme Eco. "La couleur du son est donc le grand territoire dont une région est constituée par la hauteur du son. Cette dernière n'est rien d'autre que la couleur du son mesuré dans une direction", écrit Schoenberg à la fin de son Traité d'harmonie. Assonance IV cisèle la réverbération d'un son dans une tessiture et modifie la nature d'un timbre ou d'une couleur par une transformation harmonique, conférant à l'intervalle une fonction structurelle, timbrique et contrapuntique, au sens du contrepoint renaissant note contre note.
Prolongeant les premières Assonances, la partition alterne gestes instrumentaux et suspension transparente, éthérée: pervertir le son vivant pris dans l'écho d'un processus électronique, le pétrifier, le fossiliser, mais aussi animer cet écho, la trace du vivant: "le mort n'est pas nécessairement mort", explique Jarrell. Ainsi, chaque section articule de manière perceptible un principe d'écriture dominant: la figure, conjugaison du geste du tuba ou de l'alto et des possibilités inhérentes à ce geste, et les figurations rapides dans la première, les superpositions de temps différents et les notes polaires de la deuxième, la langueur du chant de l'instrumentiste dans l'instrument et les lignes mélodiques de la troisième, la stabilité harmonique et la désagrégation des figurations rapide irrémédiablement absorbées dans un souffle du tuba et une ponctuation percussive de l'alto dans la quatrième.
Laurent Feneyrou,
extrait du livret du disque Accord