Classique
Description :
La Mazurka est une danse à trois temps dont l'accent est placé, le plus souvent, sur le second temps ou, plus rarement, sur le troisième. Son apparition en Pologne, où elle se répandit rapidement, semble remonter au XVIo siècle. Frédéric Chopin en composa 57, dont 46 furent publiées de son vivant. La fréquence et la régularité avec lesquelles l'auteur, tout au long de sa vie, écrivit ces mazurkas révèlent son intérêt passionné pour cette forme de composition: on peut penser qu'il trouvait là un cadre idéal pour traduire toute la subtilité de son âme slave. Même si, selon l'aveu de Chopin, ses Mazurkas n'étaient pas faites pour être dansées, elles n'en expriment pas moins les rythmes et accents propres à la terre natale demeurée si chère à son coeur.
Les deux premières Mazurkas (en si bémol Majeur et en sol Majeur, sans numéro d'oeuvre) datent de l'année 1825: Chopin avait alors 15 ans. Et ce n'est peut-être pas un hasard si la dernière oeuvre écrite peu de temps avant sa mort en 1849 est aussi une Mazurka. Entre ces deux dates, la géniale création du compositeur s'est enrichie régulièrement, presque chaque année, d'un cycle nouveau de 3 ou 4 Mazurkas.
Le terme générique de "Mazurkas" englobe en réalité trois danses d'origine et de nature différentes:
- Le Mazur (pluriel: Mazurki), originaire de Mazovie, province natale de Chopin, danse modérée mais accentuée.
- le Kujawiak (pluriel: Kujawki), originaire de la province de Kujawie, danse plutôt lente et faiblement accentuée.
- l'Oberek (pluriel: Oberki), danse très vive, fortement et régulièrement accentuée.
Ainsi s'expliquent les différences fondamentales de tempo et de caractère entre les Mazurkas. Bien que Chopin n'ait jamais utilisé, dans cette forme de composition, le folklore polonais comme matériau thématique (contrairement à l'usage que fera plus tard Béla Bartok des chants populaires hongrois), il est impossible de ne pas sentir, à l'écoute de ces pièces, la présence bien vivante de ce folklore, en quelque sorte stylisé et sublimé. C'est là que réside principalement la difficulté d'interprétation et de pénétration dans l'univers de ces Mazurkas par ailleurs plutôt abordables techniquement: un toucher particulièrement sensible ainsi qu'une infime irrégularité contrôlée du discours musical s'avèrent indispensables pour faire vivre la phrase, chassant ainsi toute rigidité incompatible avec la poésie de Chopin.