Classique
Description :
J'ai toujours privilégié les effectifs instrumentaux concertants aux formations plus "démocratiques" tant le conflit et l'opposition sont des fondamentaux de mon langage musical. La virtuosité d'un ou de plusieurs solistes face à la masse orchestrale est une configuration sonore dans laquelle je me sens plutôt à l'aise. De ce fait, quand je me consacre à des projets où tous les musiciens sont placés sur un pied d'égalité (quatuor à cordes, oeuvre symphonique non-concertante), j'éprouve le besoin de créer des hiérarchies qui renvoient à mes principes favoris. La série des Concertos de chambre consacre plusieurs instruments et pour ce Troisième opus, le violoncelle qui introduit le discours ou le piano dont une cadence précipite la fin de l'oeuvre apparaissent comme des personnages principaux sur lesquels je mets l'accent à moment donné. C'est en fait une stratégie formelle reposant sur l'orchestration qui est mise en place car le choix de solistes "tournants" permet de renouveler la texture générale et donc de construire une dramaturgie. Entre les différentes sections d'inspiration concertante, certains épisodes où l'ensemble est traité de façon globale et très dense ont quasiment un rôle de refrain, tout comme une section lente à la fin de la pièce apparaît comme un faux adagio dans une forme symphonique du 19e siècle. Au travers de cette grande rhapsodie, ce sont des principes de périodicité et de répétition qui unissent le discours car de nombreuses "horloges" musicales renvoyant à une conception très "mécaniste" sont présentes à travers la vingtaine de minutes que dure cette oeuvre.
Le Concerto de chambre n°3 est dédié aux musiciens du Lemanic Modern Ensemble et a été composé à la mémoire de mon confrère et ami Frédérick Martin.
Bruno Mantovani