Classique
Description :
Dans En filigrane, I'électronique, fixée, tient à donner l'illusion du temps réel.
La musique étant rapide et rythmique, la texture se faisant dense, il serait difficile d'aller «pêcher» ici et là des petites interventions de chacun des quatre musiciens du Quatuor Tana et de les traiter en temps réel. La partie électronique est donc à la fois un prolongement instrumental mais aussi une forme organisée sur la base du micro-montage, les sons produits en studio étant volontairement courts et venant simplement iriser, colorer, spatialiser des événements qui donnent la clé de l'articulation formelle de la pièce.
Au contraire, en arrière-plan, en filigrane donc, une longue séquence - les premières mesures instrumentales de la pièce enregistrées préalablement - se fait entendre à trois reprises. Cet arrière-plan est audible ou non, couvert volontairement par le quatuor ou apparaissant seul, tel une matrice qui a fait naître le matériau de la pièce.
La musique est nerveuse, rythmique, et oscille entre I'idée de processus «objectif» identifiable et variation «subjective». Hauteurs et modes de jeux y ont la même place mais prennent tour à tour le dessus, en fonction de la dramaturgie de l'oeuvre.
La partition est dédiée à mon père, disparu durant la composition de la pièce. Elle s'inscrit dans une série d'oeuvres récentes marquées par les deuils - So nah so fern, D'autre part, Ouelques traces dans l'air, Ritual trio - qui traitent de la disparition, de la résurgence et de la trace.
Philippe Hurel